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dessus des montagnes, où sont des pâturages déroulés presque à plat et où les hautes tiges d’un vert jaune à grosses feuilles se voient de loin parmi l’herbe partout broutée à ras de terre ; seulement, ce qui l’intéressait, lui, était ce qui est caché.

Il savait distinguer d’avance les racines qui étaient bonnes de celles qui ne valaient rien, négligeant celles-ci, creusant autour des autres ; et, parce qu’il payait une somme au propriétaire, il avait le droit de creuser.

Il redescendait la nuit avec son sac plein ; il fallait soigneusement râcler ces racines ; il fallait ensuite les débiter en petits morceaux, les mettre macérer dans de l’eau tiède ; et, durant bien des jours et encore des jours, on voyait Pitôme s’appliquer, ayant sur les genoux un tablier de femme, assis près des petits carreaux, où un silencieux