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Ah ! temps d’avant ! temps durs, temps cruels, difficiles, injustes ! parce que Catherine se souvenait.

Elle retrouvait ces temps d’autrefois entre les touffes d’œilletons blancs, les gueules-de-loup, les campanules, les iris blancs et les violets.

Les fraises mûres et les fraises en fleurs, les buissons de cassis couverts de leurs fruits noirs et de grappes vertes, les mousses de toute sorte et les ruines de Jérusalem.

Elle ne pouvait pas ne pas penser à ce temps d’avant ; la chambre était à peu près comme notre chambre d’à présent ; mais là-dedans, en-dedans de ces murs, et en-dedans de nous surtout…

Elle faisait asseoir la petite Jeanne sur une chaise, elle lui étendait un châle sur les genoux,

— Petite, tu ne te rappelles pas ? quand tu étais là, et moi je venais ;