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solide. Elles pleurent pour le bonheur, elles pleurent pour le malheur. Il voyait qu’Aline n’était pas faite comme lui. Et il eut un peu pitié d’elle.

Il pensait aux filles qu’il avait rencontrées. On part en bande le dimanche, on va dans les villages voisins. Et là on fait des connaissances. Il y avait une grande fille rouge qui s’appelait Jeanne, qui riait en secouant la tête ; elle n’avait pas pleuré celle-là. Et une autre petite et maigre qui avait toujours des pommes dans sa poche et qui les sortait en disant :

— En veux-tu une ?

Et elle mordait dedans en ouvrant la bouche toute grande, et on entendait la pomme craquer. Julien pensait : « Et puis, quand même, elles se ressemblent toutes. Elles ont les cheveux comme ci, comme ça, elles sont grandes ou bien petites, elles