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Mais Henriette pensait : « Mon Dieu ! quelle peine ! quelle peine ! On souffre bien pour les avoir, avec ces enfants ; au commencement, ils sont si petits qu’on ne peut pas croire que ça pousse ; ils ont toute sorte de maladies ; bon ! ça fait un peu plaisir plus tard, et voilà, les garçons, il leur vient de la barbe, les filles mettent des jupes longues ; on a plus de soucis qu’avant ; heureusement encore qu’on est là. »

C’est ainsi qu’Aline ne put presque plus sortir seule, en tous cas pas le soir où l’ombre porte au mal. Et Aline fut obéissante. Mais on lui avait pris ce qui fait que la vie est de nouveau douce, depuis le temps de l’enfance où elle a un goût sucré. Les premiers jours, elle secoua son chagrin, prenant de bonnes résolutions, et elle se disait : « C’était pas permis, je n’y pensais pas ; c’est dur, mais puisqu’il le