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s’amusent qu’à temps perdu. Et la vieille Henriette, voyant qu’Aline commençait à courir et à sortir presque tous les soirs, comme il ne faut pas faire, s’inquiétait pour elle, à cause des tentations, et disait :

— Je ne veux pas que ça continue.

Et puis, le lundi soir, neuf heures sonnèrent qu’Aline n’était pas rentrée. On entendait les portes se fermer l’une après l’autre, les portes des granges, qui sont hautes et larges et qu’on pousse de l’épaule et qui grincent, celles des écuries, qui sont rouillées, et celles des maisons, qui ne font presque pas de bruit. Le ciel était vert comme une prairie et les arbres déjà noirs dedans.

Henriette alluma la lampe. Ensuite elle se dit : « Elle n’est pas rentrée, qu’est-ce qu’elle fait ? » Ensuite le quart sonna et elle dit tout haut :