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Il y avait des chars arrêtés devant l’auberge. Il y avait des femmes qui venaient de loin, qui passaient avec leurs souliers blancs de poussière et marchant à grands pas, et ensuite qui entraient chez une connaissance. Et aussi on commençait à plaindre Aline, parce qu’elle était morte et qu’on est moins dur pour les morts ; et puis, c’était trop triste ; et on disait :

— Elle est morte ; et puis, mourir comme ça ?

— Comme ça !

— S’enlever la vie !

— Mon Dieu ! mon Dieu !

Alors on se taisait un moment pour se représenter le pommier, la corde et la petite Aline pendue. Et on disait encore :

— Ah ! oui, c’est quand même drôle de vivre. Voilà, comme qui dirait, on