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prennent quand le moment est venu. Elles se heurtent à cette vie obscure ; et puis, il y a tous les soins à donner et les cris à distinguer, qui sont ceux de la douleur et ceux de la faim et ceux dont on ignore la cause, dont on dit : « C’est de la méchanceté. »

Elle posait l’enfant sur la table et déroulait ses bandes. Le petit ventre nu se montrait, tout renflé et blanc comme un ventre de grenouille et la tête inerte roulait sur le coussin. Ou bien elle le baignait ; il était si petit qu’il suffisait d’une cuvette ; l’eau tiède ruisselait sur sa peau en petites boules brillantes comme de la rosée.

Aline avait les mains encore maladroites ; tantôt elles appuyaient trop fort et tantôt hésitaient. Il semble qu’un rien va briser ces membres fragiles. Elle se perdait par moment dans ces soins. Alors le monde