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III


Aline resta quinze jours au lit. Ensuite on lui permit d’aller jusqu’au grand fauteuil à dossier droit près de la fenêtre. Elle s’asseyait là et allongeait ses jambes engourdies. Pendant ce temps, qui fut le temps du répit, elle fut comme les malades qui ont un sommeil lointain dans tout le corps, et sont enfermés dans leur maladie, de telle façon qu’ils voient la vie effacée, comme un jardin dans le brouillard. Les gens qui passent, les nuages, les fleurs et le soleil semblent les choses d’un autre monde ; il y a une séparation qui s’est faite ; et la journée s’écoule d’un mouvement égal.