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ser comme lui, croyoit que je n’affectois ce zéle pour la Religion, qu’afin d’éblouir le peuple & de gagner son suffrage. Quand nous fûmes seuls, il changea de langage & me dit :

Notre dispute se réduit à sçavoir si la nature éternelle agit avec sagesse & dessein, ou si elle prend toutes sortes de formes par une nécessité aveugle. Ne nous éblouissons point par les préjugés vulgaires ; Un Philosophe ne doit croire que lorsqu’il y est forcé par une évidence entiere. Je ne raisonne que sur ce que je vois, & je ne vois dans toute la nature qu’une matiere immense, & une force infinie : Cette matiere agissante est éternelle ; Or dans un temps