Page:Ramsay - Les Mesures de quantités infinitésimales de matières.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
442
ZEEMAN

ration. Quoique nous en ayons distillé dans des vases de platine, de silice et d’argent, il n’était jamais possible d’en obtenir une goutte que l’on pût évaporer sans qu’il restât, après l’évaporation, un dépôt cristallin. Nous avons même essayé l’eau synthétique, préparée en brûlant de l’hydrogène au contact de vases refroidis, de verre, de silice, de platine et d’argent ; les gouttes obtenues ont toutes laissé un dépôt semblable, pesant environ 100 millionièmes par goutte. Nous avons ainsi passé, et de façon fort peu amusante, une quinzaine de jours en des essais de ce genre ; nous avons fini par découvrir qu’en laissant s’évaporer l’eau dans un courant d’air filtré à travers de l’ouate, on n’obtient aucun résidu. Le résidu provenait de la poussière suspendue dans l’air. Les cristaux, d’après leur aspect au microscope, consistaient pour la plupart en sel commun, en carbonate de chaux et en sulfate de chaux.

Il est donc évident que l’eau en s’évaporant se charge d’électricité, et attire la poussière, qui possède un poids relativement grand.

Voilà, Messieurs, quelques-unes des expériences que nous avons faites pendant les dernières années. Des instruments comme le spectroscope, le microscope et l’électroscope ont été extrêmement perfectionnés pour la recherche de quantités minimes ; il nous a paru regrettable que nos moyens pour déterminer la quantité de matière par son poids et par son volume soient restés tellement arriérés. J’espère que nous n’avons pas abusé de votre patience en vous disant quelques mots relatifs à nos tentatives, ayant pour but de voir l’invisible, de tâtonner l’intangible, et de peser l’impondérable.