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la majeure partie des hommes. Gardez-vous donc de ne point estimer à leur prix vos modestes fermes et vos humbles occupations agricoles. Il en est qui disent, cela ne paye pas, il vaut bien mieux prendre des occupations de ville ; — cela paraît payer peu, peut-être, mais aussi cela ne risque rien ; dans la ferme où vous êtes, vous mourrez paisible, après une existence tranquille et douce, qui n’a connu ni inquiétudes ni revers.

Combien en pourraient dire autant parmi ceux qui les ont quitté ? Pour un qui réussit, combien s’en trouve-il au milieu de leur carrière, perdus et souvent isolés comme des misérables au milieu des étrangers, après avoir dévoré dans les risques d’un commerce qu’ils ne connaissaient pas, la part d’héritage que leur avait laissé leurs parents. Ah ! lorsque vous voulez consacrer quelques ressources à l’avancement de vos enfants, lorsque vous avez réalisé quelques épargnes, — le meilleur don que vous puissiez leur faire pour assurer leur avenir, au lieu de les lancer dans des carrières coûteuses et hazardeuses, — c’est de leur acheter une ferme ou des terres neuves, où vous leur ménagerez ainsi un avenir heureux, dépourvu de hazards et de trouble. Là ils continueront l’existence patriarcale de vos familles, en bénissant votre mémoire, pour le peu de bien que vous leur aurez