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et de leurs divisions incessantes. Le premier groupe d’Européens sur lequel on eut pu s’appuyer était à Montréal, à 200 lieues. Et encore pendant six mois de l’hiver, était il impossible de communiquer ; on était séparé du reste du monde.

C’est alors qu’il fallait avoir du cœur et de la tête, pour songer à réaliser ici des travaux et du commerce ; il est plus facile aujourd’huy d’y édifier un steamer, qu’il ne l’était à cette époque d’y construire une barque. C’est alors qu’il fallait une singulière hardiesse pour songer à s’établir dans le Détroit, au milieu de quelques centaines d’hommes qui ne pouvaient compter que sur eux même, c’est alors que le courage et l’industrie de chacun était mis à une sérieuse et rude épreuve. Un peu de bonheur dans le commerce, de l’aplomb ou de l’adresse dans les transactions n’auraient point suffit à ce moment, pour résoudre les sauvages et urgentes exigences de la situation. La nécessité ne se paie pas de mots, d’apparence ni d’effronterie, on ne la satisfait qu’avec la réalité du travail et des résultats.

Cependant les vieux colons français affrontèrent ces difficultés gaiment et sans sourciller, il semblait que ce fut pour eux, non pas une pénible aventure, mais un plaisir et j’ose dire