Page:Rameau - Notes historiques sur la colonie canadienne de Detroit, 1861.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

affaires, lorsqu’on a derrière soi une population de 30 millions d’âmes, qui vous entoure et à laquelle on est étroitement lié par les chemins de fer, la navigation à vapeur, et des relations morales et matérielles de toute sorte !

Quand les Américains commencèrent à prendre quelque développement dans ce pays après 1820, la population compacte qui se poussait peu à peu de la côte vers l’ouest, arrivait presque jusqu’à Détroit, l’Ohio se peuplait rapidement ; et en comptait déjà de nombreuses stations commerciales sur les Lacs Érié et Ontario.

Mais la situation était bien différente quand vos pères vinrent s’établir ici, il y a cent cinquante ans, ou seulement même il y a 80 ans quand ils y étaient encore seuls et loin de tout établissement européen. Alors on n’avait ni steamer ni chemin de fer pour transporter ses marchandises, aucun outillage, aucun objet fabriqué, sauf ce que l’on savait faire soi-même : point de capital, à peine les provisions suffisantes pour courir d’une année à l’autre ; point d’appui, point de secours en cas d’accident ou de détresse ; et tout autour, les nations indiennes, sauvages, guerrières, vingt fois plus nombreuse, et dont l’amitié douteuse et chancelante, variait au gré de leurs convoitises grossières