28 LA VIE ET LA MORT
Je sens... quoi donc ? Je sens que mon corps véhément Absorbe d’autres corps en sa géante enflure ; Que la terre devient ma chair, et, vaguement, Que les arbres des bois forment ma chevelure !
Et que je m’assimile, en passant, des rochers ; Et que mon cœur s’adjoint pour veines les rivières ; Et que, plaine infinie où pointent des clochers, Mon derme monstrueux se fleurit de bruyères !
El que tous les condors, que tous les alcyons, Dans mon cerveau qui chante, ouvrent leurs ailes grises ! Et que mon œil absorbe au ciel tous les rayon ! El que mon souffle absorbe en l’air toutes les brises
Hosanna !je grandis ! le tonnerre est ma voix ; L’aurore, mon espoir ; l’ouragan, mon alarme : Et je me ressouviens que j’ai lait autrefois Le printemps d’un sourire et la mer d’une larme !