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LA VIE ET LA MORT


C’était l’atome obscur de la sphère ébréchée,
C’étaient les êtres vils restés sur ce débris,
Pleurant l’Etoile-Mère incessamment cherchée
Et toujours introuvable île en ce coin de ciel gris.

Et la plainte disait : « Anathème ! Anathème !
Nous sommes les errants que le malheur conduit,
Le douloureux troupeau des vivants au front blême
Créés pour la lumière et jetés dans la nuit.

« Nous sommes les bannis, la cohorte exilée,
Les seuls êtres ayant des larmes dans les yeux;
Et, si l’eau de la mer sur ce globe est salée.
C'est peut-être des pleurs versés par nos aïeux.

« Anathème ! Anathème au Semeur de lumière !
A Celui que le vaste univers applaudit !
S’il ne vient pas nous rendre à l’Étoile première,
Qu’il soit maudit, partout maudit, sans fin maudit !