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fut seulement en 1794 que Chladni osa se ranger ouvertement du côté de la prétendue superstition populaire ; il tenta de démontrer que cette superstition, comme tant d’autres, n’était point sans fondement. Et lorsque, le 26 avril 1803, une pluie de pierres des plus remarquables vint à tomber en plein jour sur la petite ville de Laigle, en Normandie, l’Institut nomma une commission qui se rendit sur les lieux, et dont le rapport ne laissa aucun doute sur la réalité des aérolithes.

C’est Biot qui fut délégué par l’Académie des sciences pour aller étudier l’authenticité et la nature de ce phénomène ; mais il paraissait encore si étrange, même au sein de la compagnie la plus familière avec les nouveautés de la science, que plusieurs membres ne voulaient pas qu’elle s’occupât publiquement de cette affaire, craignant qu’elle n’y compromît sa dignité. La Place se décida cependant à passer par-dessus ces hésitations, et le rapport que fit M. Biot démontra parfaitement l’à-propos et l’efficacité de sa mission.

Pour expliquer ce phénomène, on proposa les hypothèses suivantes :

1° On supposa d’abord que les aérolithes étaient, comme la pluie ou la grêle, de véritables météores qui se formaient dans l’atmosphère par voie d’agrégation.

Quoique très simple en apparence, cette hypothèse est très invraisemblable. Aucun des principes constituant les pierres météoriques ne se trouve dans l’atmosphère ; il faudrait, de plus, que ces principes y fussent à l’état gazeux et en assez grande quantité pour donner naissance à des pierres de plusieurs quintaux ou à des mil-