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IV.

On lit dans une lettre datée de l’île de Ténériffe le récit d’une ascension sur le pic par quelques savants portugais, qui révèle un fait de réfraction terrestre des plus extraordinaires. Nous en empruntons un extrait au Courrier des sciences :

« Les savants dont il est question, étant parvenus à la cime du volcan, qui ressemble à une énorme pyramide, et qui a une hauteur de près de 2 000 mètres au-dessus du niveau de la mer, ne furent pas peu surpris d’apercevoir, au lever du soleil, des terres se développant sur certains points de l’horizon, et formant une masse qui ne pouvait évidemment appartenir qu’à un continent. L’archipel des îles Canaries était en quelque sorte à leurs pieds ; il n’y avait donc pas lieu de confondre les terres qui apparaissaient à l’horizon avec celles du groupe des Canaries, quelle que fût la distance qui les séparât.

« C’étaient donc des terres autres que celles des îles Fortunées qui se montraient à leurs regards étonnés, et ce n’étaient en effet ni plus ni moins que les montagnes Apalaches de l’Amérique que l’on apercevait du haut de cet observatoire colossal. Le doute n’était plus permis, d’après le calcul fait par un des voyageurs qui connaissait cette partie de l’Amérique ; et tous de s’extasier devant ce spectacle grandiose, qui leur offrait la vue du continent américain à plus de 1 000 lieues. Ce spectacle était dû à un mirage des plus merveilleux. Les effets de cette réfraction extraordinaire sont produits par le vent hu-