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Entre les États-Unis et l’Europe, de même que le courant porte la mer vers l’est, de même aussi les contre-courants des alizés soufflent vers l’Europe, d’où il résulte une traversée beaucoup plus rapide des États-Unis en France et en Angleterre que d’Europe aux États-Unis ; car dans ce dernier cas on a le vent et le courant contraires, lesquels favorisent les trajets du nouveau monde vers l’ancien.

Les courants conservent l’excès de la chaleur qu’ils doivent à leur origine tropicale, et c’est là un des grands moyens que la nature met en œuvre pour tempérer notre globe, en portant ainsi, par le moyen des eaux, vers des régions plus septentrionales, la chaleur que le soleil verse entre les tropiques. À mesure que les courants s’avancent, ils perdent de leur chaleur en la distribuant à l’atmosphère et aux mers qu’ils traversent, jusqu’à ce que, revenant sous les zones tropicales, ils se pénètrent de nouveau d’une chaleur qu’ils reportent sous d’autres latitudes.

Chaque localité du milieu de la France, par exemple, possède une température plus élevée qu’aucun autre point du globe situé à la même distance de l’équateur, tandis qu’en Amérique le Labrador et le Canada, qui font le pendant de l’Angleterre et de la France, sont presque des contrées polaires, où les fleuves gèlent des mois entiers.

Lorsque les navigateurs, le thermomètre à la main, traversent les mers, ils reconnaissent à ces chaleurs les grands courants océaniques d’eau chaude, qui n’ont d’autres rivages que les eaux froides qu’ils sillonnent et qui, revenant sur eux-mêmes, forment comme un fleuve sans