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zéro ; il atteint vignes, noyers, arbres fruitiers, légumes, seigles, en un mot toutes les plantes précoces. Comme ce courant polaire et glacial court à travers notre atmosphère de même qu’un fleuve démesurément grossi, il saisit les flancs des coteaux plus rudement encore que les sols bas, par-dessus lesquels ils passe parfois sans laisser de traces fâcheuses.

M. Marta-Beker ajoute une observation relative à la température des hivers, dont la rigueur ou la douceur lui paraissent dépendre uniquement d’une question de sécheresse ou d’humidité de l’air, lequel peut être très sec, même à l’état brumeux. D’une part, il y a un fait de rayonnement d’autant plus prononcé que le ciel est plus pur, plus dégagé et qui peut être atténué par l’interposition de nuages ; ce qui explique pourquoi, le même jour, à des distances peu considérables, le thermomètre accuse souvent des différences de froid de plus de dix degrés. D’autre part, l’atmosphère absorbant d’autant plus de chaleur solaire qu’elle est plus humide, il est naturel que des hivers très froids coïncident avec une extrême sécheresse de l’air, comme on l’a vu en 1870 et 1871. Ainsi, plus l’air est sec et pur, moins il absorbe de chaleur solaire, et plus il se refroidit par rayonnement. Dans ces circonstances, l’hiver est nécessairement rigoureux, et les dernières vapeurs d’eau en suspension se précipitent en flocons de neige, au début de chaque recrudescence de froid. C’est le manteau protecteur que la Providence a étendu au moment opportun sur la Terre[1].

  1. Comptes rendus de l’Académie des sciences, 1873.