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mun, une vie commune ; lien universel et intime, qui fait qu’aucun homme n’est complètement séparé d’un autre. Nous sommes tous égaux devant ce banquet de la nature que nous trouvons à notre entrée dans la vie, et que nous ne quittons que devant la mort, deux choses communes et extrêmes qui obligent à se souvenir que tous les hommes sont frères.

III.

Quel admirable spectacle ne nous présentent pas les nuages, suivant les régions d’où on les contemple ! Nous n’oublierons jamais la magnificence que nous ont offerte les cieux des contrées voisines du pôle où se déroulent en nappes immenses l’opale, le saphir, l’émeraude et le rubis, et où l’astre du jour, après avoir disparu sous l’horizon, semble, réduit en poussière, faire éclater partout sa splendeur sans se montrer nulle part.

On comprend alors que les peuples du Nord aient placé dans les nuages le sanctuaire des divinités, et les chants sublimes d’Ossian prennent pour nous une nouvelle expression.

Les Calédoniens revoyaient partout les morts qu’ils avaient aimés : ces morts habitaient les nues, ils venaient visiter en songe ceux qu’ils avaient laissés sur terre, leur révélaient l’avenir et souvent en présage frôlaient les cordes des harpes, faisaient résonner le timbre du bouclier de la guerre. Dans la patrie d’Ossian, tous étaient des héros dans les combats, car rien n’ajoute plus à la valeur