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mener à deux principes dont tout le reste découle : le principe de la nécessité, qui explique les rapports de la créature avec son créateur, et le pnncipe de la gloire de Dieu, qui explique le plan divin.

Voilà les traits distinctifs du Calvinisme, tel du moins que nous l’avons compris ; heureux si nous n’interprétons pas l’Institution chrétienne comme Calvin a interprété la Bible ! Nous ne voulons point ici faire une critique complète de cette doctrine fameuse, qui n’a plus que des adeptes timides ; mais nous ne pouvons pas nous empêcher de présenter quelques observations, qui serviront à notre but, l’étude du génie de Calvin. Ce n’est pas en théologien que nous examinerons les vues du réformateur de Genève. Nous resterons strictement attaché au point de vue philosophique, ou, pour mieux dire, au point de vue humain, le seul qui puisse être commun au théologien et au philosophe. Calvin définit l’art de disputer, la manière de parler avec raison ; il s’agit de savoir si ce grand maître a toujours été fidèle à cet art.

Il est un point, et c’est peut-être le seul, sur lequel nous sommes pleinement d’accord avec Calvin. Nous croyons avec lui que la science humaine ne peut pas et ne doit pas se poser cette insondable question : Pourquoi Dieu a-t-il créé le monde ? ou en laissant de côté ce terme de création que toutes les philosophies n’adoptent pas, et en cherchant à for-