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l’homme ? Ce problème appartient à l’histoire. Les livres historiques de la Bible nous répondront pour le passé, les livres prophétiques pour l’avenir.

Tout ce que Dieu nous a révélé démontre qu’il n’agit pas au hasard, mais d’après un vaste plan, déterminé de toute éternité, et dont les diverses parties sont étroitement liées. En voici les traits généraux :

Dieu a créé le monde pour servir à l’homme de demeure ; puis il a créé l’homme et l’a aussitôt soumis à une loi fixe, la loi morale, la loi du bien et du mal. Le bien et le mal ne sont pas quelque chose d’absolu ; ils ne dépendent que de la liberté de Dieu. Le bien n’est bien que parce que Dieu l’a voulu ; il en est de même pour le mal. La loi morale n’est donc que l’expression d’une volonté divine, dont l’homme n’a pas à demander compte.

Mais il était écrit dans les conseils du Dieu fort que l’homme ferait le mal. Dieu a voulu qu’il le fît ; il ne l’a pas permis seulement. Calvin repousse avec force cette distinction frivole, derrière laquelle tant de théologiens ont voulu s’abriter. Dieu ne permet pas, il veut. Rien ne se fait que par lui. Cette première violation de la loi morale a porté le désordre dans le monde, si toutefois l’on peut appeler désordre ce qui était ordonné de Dieu. L’espèce humaine tout entière a été corrompue par la corruption d’Adam : la maladie a passé du germe dans l’arbre