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intelligences par la dialectique. Sa logique est une verge de fer. Il ne réfute pas ; selon son expression favorite, il rembarre ses adversaires.

Au milieu de la cohorte innonibrable des théologiens qui ont essayé de réduire en système les doctrines de l’Evangile, c’est par la rigueur des déductions que se distingue Calvin. D’autres docteurs moins illustres, peut-être, ont eu un esprit plus inventif. Calvin n’a rien créé. Il n’avait ni cette flamme intérieure, ni ces soudaines inspirations qui font les génies créateurs. Dans l’enfantement laborieux de quelque pensée grande et nouvelle, il y a des crises, des heures de lumière et des retours d’obscurité, bien connus de Saint-Augustin, de Pascal et de Luther, mais étrangers au génie toujours également lucide de Calvin.

Aucune idée importante ne lui appartient en propre : presque tous les dogmes du calvinisme se retrouvent, soit dans les écrits des premiers réformateurs, soit dans ceux des pères de l’Église, dans Saint-Augustin surtout. Mais ce qui est bien à Calvin, c’est la logique qui a relié tous ces dogmes, qui a fait de toutes ces pensées une seule et même pensée. Le calvinisme est original parce qu’il est conséquent.

C’est ici le lieu de rappeler en quelques mots les principaux traits de cette doctrine célèbre. Ce sera la meilleure manière de faire connaître Calvin ; car,