de génie de concevoir et d’exécuter si jeune une si grande pensée.
On n’objectera pas, sans doute, que l’Institution chrétienne de 1535 est un ouvrage tout autre que l’Institution chrétienne achevée en 1559. L’œuvre complète existe déjà dans l’ébauche. Calvin, à mesure que sa pensée se développait, et que les églises se groupaient autour de lui, a enrichi son Institution de preuves nouvelles et d’explications surabondantes ; il y a traité des sujets qu’il avait dû négliger d’abord ; mais c’est toujours la même doctrine, toujours la même foi. Qu’on n’essaie pas de chercher quelque contradiction sérieuse dans ces développements successifs : Bossuet lui-même y a perdu son temps. Calvin est de tous les hommes celui qui s’est le moins contredit. Il faut d’ailleurs être pauvre d’arguments pour reprocher ces progrès au réformateur de Genève comme autant de variations : c’est lui reprocher d’avoir grandi. Si Bossuet avait toujours eu la main aussi malheureuse, son livre si remarquable n’aurait pas fait tant dé bruit, et n’aurait pas valu au catholicisme tant de conquêtes.
Il est donc hors de doute que l’intention véritable de Calvin fut de travailler à fixer les doctrines de la Réformation, ou, pour nous en tenir aux termes qu’il emploie, à répandre la droite connaismnce de Jésus-Christ. Il est hors de doute aussi qu’il n’a point varié. Peut-être n’a-t-il pas compris dès l’abord