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Une dernière entrevue entre Calvin et Servet n’eut aucun résultat. Le condamné s’humilia devant le réformateur ; il lui demanda pardon, comme un mourant peut le faire envers tous ceux qu’il a offensés ; mais il ne renonça à aucune de ses opinions. Calvin se détourna de l’hérétique.

Farel, qui ne se rebutait pas si promptement, renouvela ses tentatives de conversion, quand Servet, conduit devant l’hôtel de ville, eut entendu la lecture solennelle et publique de la sentence de mort. Servet protesta contre le jugement du tribunal, en priant Dieu de pardonner à ses accusateurs. Farel, indigné d’une opiniâtreté si coupable, le menaça de l’abandonner dans ce moment suprême. Servet ne répondit que par le silence.

Mais le fougueux pasteur n’entendait pas lâcher prise de sitôt. Il voulait à tout prix un désaveu. Pendant que le cortège lugubre s’acheminait vers la colline de Champel, il s’efforça encore d’obtenir de Servet une confession de son crime ; mais Servet ne songeait qu’à la mort ; il demandait simplement que ses fautes lui fussent pardonnées, il ne rétractait rien :

Il ne fit, dit Calvin, nulle confession ni d’un côté, ni d’autre, non plus qu’une souche de bois.

Au moment de livrer sa victime au bourreau, Farel l’invita à se recommander aux prières des fidèles. Servet obéit, puis il monta silencieusement sur