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toutes les ressources de son éloquence pour engager le conseil à revenir de sa décision. Tour à tour modéré et véhément, il conjure, il menace, il proteste. — Tout fut inutile. Le lendemain Calvin se rendit au temple, où se pressait une foule immense. Le sort de Genève allait se décider. Calvin ne plia pas.

Quant à moi, dit-il, pendant que Dieu me laissera ici, puisqu’il m’a donné la constance et que je l’ai prise de lui, j’en userai, quelque chose qu’il y ait, et ne me gouvernerai point, sinon suivant la règle de mon Maître, laquelle m’est toute claire et notoire.

Puis, élevant sa main vers le ciel : « Que je meure, s’écria-t-il, plutôt que de donner de cette main à ceux qui ont méprisé les lois de Dieu, la sainte communion du Seigneur ! » À l’ouie de ces foudroyantes paroles, il y eut un moment de religieuse terreur, comme si l’Esprit saint eût rempli le temple de sa présence. Perrin lui-même fut effrayé ; Berthelier recula, et la cérémonie put se terminer dans un pieux silence.

Cependant, tout en faisant face à l’excommunié, Calvin n’oubliait point l’hérétique. Servet, informé des événements, crut l’autorité de Calvin beaucoup plus ébranlée qu’elle ne l’était en réalité ; il se crut de nouveau hautement protégé ; aussi reprit-il son ancien système de défense, celui de l’énergie et de l’audace.

Le jour même où le conseil relevait Berthelier de