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excommunier Philippe Berthelier, le fils du martyr, le chef aimé de la libre jeunesse genevoise, et son adversaire le plus redoutable après Perrin. Ce coup d’audace fit grand bruit. Perrin voulut en profiter. Il songea à faire casser par le conseil la décision du consistoire, et à priver celui-ci du droit d’excommunication. C’était enlever à l’autorité religieuse la plus importante de ses prérogatives ; c’était abaisser l’Eglise devant l’état ; c’était renverser l’œuvre de Calvin. La position de Calvin devenait ainsi de jour en jour plus difficile.

Depuis quatre ans, écrivait-il en 1553, les méchants ont tout fait pour amener peu à peu le renversement de cette Église, déjà bien imparfaite. Dès l’origine, j’ai pénétré leurs trames. Mais Dieu a voulu nous punir, né pouvant nous corriger. Voici deux ans que notre vie se passe comme si nous étions au milieu des ennemis les plus déclarés de l’Evangile.

Dans de telles circonstances, l’arrivée de Servet à Genève fut pour le réformateur une nouvelle entrave et l’occasion d’une nouvelle victoire.

Servet habitait déjà depuis plus de quinze jours l’hôtellerie de la Rose, lorsqu’il lui prit fantaisie, dit-on, d’aller au temple écouter une prédication. Il y fut reconnu. Calvin qui en fut aussitôt informé, réclama énergiquement auprès de l’un des syndics pour qu’il fit arrêter ce grand sematteur d’hérésies. Sa requête fut accueillie. Le jour même, le 13 août 1553, Servet fut conduit en prison. Cette démarche