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traint. Sa première causerie, par exemple, gagnerait au retranchement pur et simple du premier paragraphe. Si spirituellement qu’on dise qu’on va commencer, il est encore plus spirituel de commencer sans le dire. Il en est de l’idée comme du fruit ou de la graine ; quand elle est bien mûre, elle tombe ou s’envole d’elle-même.

Mais j’ai tort d’insister, car si je voulais proportionner l’éloge à la critique, il y faudrait une longue suite de pages, tant il y a de choses à louer dans ces deux volumes, et mon but, en en parlant aujourd’hui, est moins de dire tout le bien que j’en pense que d’examiner le principe même sur lequel repose l’enseignement de M. Stapfer et qui en fait l’originalité.

On veut donc que l’artiste ne soit pas juge dans sa propre cause ; c’est le jugement, dit-on, qui lui manque le plus.

Cette doctrine, qu’une critique ingénieuse et paradoxale a renouvelée de nos jours et formulée avec plus de rigueur que jamais, est, au fond, celle de tous les manuels, traités et précis d’histoire littéraire ; celle de l’immense majorité des maîtres et maîtresses de rhétorique, chargés de former le goût des jeunes gens qui fréquentent nos collèges et nos gymnases, ou des jeunes filles à qui l’on juge à propos de donner un vernis de littérature. Souvent elle