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ciale, son grand travail fut de discipliner la Réforme.

Pour mener à bien cette tâche aussi difficile qu’importante, il fallait régler les mœurs et fixer les dogmes ; il fallait assujettir à une loi sévère non seulement la conduite, mais aussi les idées de tous les adeptes de la Réformation. C’est à quoi tendirent sans cesse tous les efforts de Calvin.

Calvin travailla à discipliner les mœurs des églises réformées en façonnant à la servitude tout d’abord celles de l’église ou de la cité genevoise : on sait que ces deux choses n’en étaient qu’une à ses yeux. Il voulut que Genève devînt la ville modèle parmi toutes les villes protestantes ; aussi profita-t-il hardiment des avantages que lui donnait son rappel. Il fixa une discipline ; il promulga de véritables lois somptuaires ; il établit un consistoire ; il lui fit donner le pouvoir de réprimer toutes les offenses à la morale chrétienne, d’abord par des peines ecclésiastiques, puis en livrant les coupables au bras séculier ; il lui fit donner en outre une espèce de pouvoir inquisitorial, pour aller de maison en maison s’assurer si la table était frugale, si les vêtements étaient modestes, si les mœurs étaient pures, en un mot, si toutes les règles étaient religieusement observées. Il affranchit l’autorité ecclésiastique de toute espèce de tutelle ; il ne laissa à l’autorité civile aucun autre droit en matière religieuse, que celui de poursuivre quiconque lui était dénoncé par le consistoire. Ainsi un dé-