d’une abstraction quelconque les produits les plus naturels de l’esprit humain, et de chercher des fautes où il n’y a que des nécessités !
» Et non-seulement nous avons cet avantage de comprendre ce que les autres jugent, mais nous comprenons encore leurs jugements. Les mêmes causes générales qui ont produit Molière, ont produit la critique française sur Molière, et l’ont maintenue jusqu’à des temps rapprochés de nous, où d’autres causes, également générales et profondes, ont bouleversé la société française et porté atteinte à ses plus solides traditions. Vous avez expliqué vous-même la critique de Schlegel, et vous n’avez eu qu’un tort, celui d’y mêler des paroles dures à l’adresse d’un homme qui n’a pas demandé à naître, et sans lequel l’histoire compterait un original de moins. Il est vrai qu’elle est formaliste, comme Gœthe l’a très bien dit. Mais pouvait-elle être autre chose ? Elle s’oppose comme réaction à une critique qui ne l’était pas moins, et la nature d’une réaction est forcément déterminée par celle de l’action qui l’a produite. C’est à la critique française que nous devons Schlegel. Schlegel est un Laharpe retourné ; mais il est plus savant que Laharpe, et il n’a pu se dégager de son joug que parce qu’il avait multiplié les points de comparaison. Si Hegel conclut à peu près comme lui, c’est qu’il est porté par le même courant d’opposition ; d’ailleurs il est de la famille des philoso-