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deur. Les critiques français font l’inverse, ce qui revient au même. Leur théorie n’est que du Molière mis en préceptes, et c’est au nom de Molière qu’ils réprouvent tout ce qui n’est pas Molière. Ce serait pure folie que de vouloir déterminer l’idée du comique, abstraction faite des œuvres comiques ; aussi les philosophes les plus audacieux n’ont-ils jamais eu que l’apparence de cette folie. Leurs théories les plus abstraites sont des généralisations déguisées, mélanges confus de souvenirs et d’axiomes. Ce qui est souvenir est incomplet ; ils se souviennent de ce dont il leur plaît de se souvenir. Ce qui est axiome est vague et ne mène à rien. Que ne tirerait-on pas de leur fameux principe que le comique est le contraire du tragique ? Les personnages de la comédie marcheront-ils à quatre pattes parce que ceux de la tragédie marchent sur leurs deux pieds ? Avec des principes de cette force et de cette élasticité, on fait justement tout ce qu’on veut. Malheureusement il n’est guère plus facile de déterminer l’idée du comique en procédant par comparaison, car il faudrait comparer toutes les comédies connues, et il saute aux yeux que ce nom de comédies est une de ces appellations courantes qu’on applique à des œuvres fort diverses ; si nous voulions choisir entre elles, nous ne le pourrions qu’en partant d’une idée préconçue du comique, ce qui nous jetterait dans un cercle vicieux. Il n’y a pas