dans l’éloquence saccadée de Victor Hugo, dans la sonorité redondante de Lamartine, et dans ce faux air d’oracle qui s’ajoute à la pénétration de M. Michelet. Surtout elle est patente dans Béranger, et il faut qu’elle ait singulièrement émoussé la finesse du goût public pour que le parallèle entre Horace et lui ait failli devenir classique.
C’est pour la langue française la plus heureuse de toutes les fortunes qu’un écrivain jeune encore, populaire entre les plus populaires, qui ne s’interdit pas, sans doute, les sources nouvelles, mais qui reste fidèle aux traditions acquises et les rajeunit par son talent. Que de trésors lentement amassés peut anéantir en un jour la brutalité des révolutions ! En voilà un du moins qui est décidément sauvé du naufrage. Le français n’aura pas eu en vain deux siècles d’une culture qu’il ne retrouvera plus. M. Renan n’est pas le seul, sans doute, qui travaille à nous conserver ce précieux héritage. MM. Thiers et Sainte-Beuve, pour ne parler que des vivants, y auront largement contribué. Mais M. Renan a sur eux l’avantage d’être plus jeune et surtout d’avoir plus d’ennemis. Pour agir sur le développement d’une langue, ce n’est rien d’être beaucoup lu, il faut être beaucoup discuté. Là est le secret de l’influence de Calvin sur le français du XVIe siècle. Il força ses adversaires à lutter avec lui de clarté. M. Renan obligera les siens à la finesse. Il eût écrit le plus popu-