Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps qu’il faisait effort pour se plier à des sujets nouveaux, il tombait entre les mains de la foule. Il devenait l’instrument littéraire, non plus seulement d’une société de choix, mais de la bourgeoisie avec ses hommes d’affaires, ses journalistes, ses avocats, ainsi que du prolétariat et de ses tribuns. Quoi de plus opposé à ce génie de finesse, qui l’avait si habilement cultivé, que la démocratie sans façons, l’âpreté des polémiques, les haines bornées, l’inflexibilité des partis pris, et les doctrines absolues, qui ne sont en réalité que de violentes simplifications des choses humaines ! L’épreuve fut rude. Rien n’appauvrit les langues autant que de les traîner sur des lieux communs, et quelle langue en a plus exprimé que le français depuis moins d’un siècle ! Que vient-on parler de nuances quand la société est divisée en aristocrates et en jacobins, et qu’à la terreur rouge succède la terreur blanche ? Au milieu des commotions révolutionnaires, le français, lourdement manié par tous les fanatismes, s’épaississait et se roidissait. Il retournait à la pauvreté par la violence. Cette influence est plus ou moins marquée non-seulement chez les orateurs de la première révolution, mais encore chez quelques-uns de ceux qui brillent aujourd’hui à la tribune du corps législatif ou du sénat. Elle est visible chez la plupart des écrivains qui ont à peu près l’âge du siècle. On en démêlera les effets dans la raideur dogmatique de M. Guizot,