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Port-Royal, dut en dire quelques mots en recevant à l’Académie M. Sainte-Beuve ; il y mit de l’éclat, des couleurs voyantes, et M. Sainte-Beuve l’en blâme avec justice : on entre plus discrètement dans cette maison d’humilité. N’y aurait-il pas une discordance du même genre, moins sensible dans le ton, non moins réelle au fond, entre les dispositions des solitaires et celles de leur biographe ? Il se pourrait même qu’il y en eût plus d’une, car voici trente ans révolus que M. Sainte-Beuve faisait son cours à Lausanne, et il a eu dès lors le temps de changer.

N’ayant pas entendu le cours de M. Sainte-Beuve, je n’en puis parler que par ouï-dire. La plupart de ses auditeurs n’eurent pas le sentiment d’une discordance. Ils comprirent bien que M. Sainte-Beuve ne se livrait pas entièrement ; mais du moins il ne franchissait le seuil de l’enceinte vénérée que le front découvert, et chacun de ses discours respirait la sympathie et le respect. Toutefois il y eut aussi des dissidents. Si quelques auditeurs bénévoles le crurent en bon chemin de conversion, d’autres ne virent qu’un piège dans cette façon toute littéraire de traiter des matières théologiques.

Il ne reste du cours fait à Lausanne que le seul Discours préliminaire, et il me paraît donner tort à ceux qui tenaient déjà M. Sainte-Beuve pour un