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souvenirs s’y rattachent, et l’on aurait compris que M. Sainte-Beuve s’en fit une espèce de belvéder pour voir de là passer les illustres du XVIIe siècle, les uns à distance, les autres sous ses yeux. On aime, quand on est peintre, tout ce qui fait point de vue, et le XVIIe siècle, contemplé de Port-Royal, se déroule en perspective. M. Sainte-Beuve, qui est curieux, ne manque pas sans doute de regarder souvent par la fenêtre ; quelquefois même, il lui arrive de monter jusqu’à la lucarne du toit pourvoir plus loin. Néanmoins ce sont les vrais solitaii’es qui l’attirent surtout, et c’est avec eux, avec MM. de Saint-Cyran, Singlin, de Saci, qu’il passe la meilleure partie de son temps. Evidemment il faut qu’il ait pour eux un faible d’homme d’esprit, une légère manie d’amateur de curiosités. Voilà ce qu’on a pu dire et ce qu’on a dit en parcourant les premiers volumes, ce que plusieurs pensent encore, peut-être. M. Sainte-Beuve ne paraît pas en juger ainsi ; il s’est obstiné sur ce sujet, et il faut bien qu’il y attache une réelle importance. Distrait par mille travaux, il ne l’a jamais perdu de vue. Toujours, à ses heures de loisir, il a pris le chemin du monastère, et voici qu’il nous en revient encore avec tout un butin nouveau. Il a passé le temps des engouements de la jeunesse, et pourtant il est clair qu’il ne regrette pas les heures et les années qu’il a dépensées dans la