poésie, enthousiasme, création religieuse, création d’hommes sans doute, mais belle et respectable ; œuvre de la conscience spontanée : que sais-je encore ? A tout cela que répond l’apologie de Pascal ? Peu de chose, ce me semble.
Je suppose un homme sincère, intelligent et cultivé, qui ne se soit jamais occupé sérieusement de questions religieuses. Soudain il se sent pris d’une vive curiosité : il comprend, comme Pascal, qu’il n’y a de gens raisonnables que ceux qui ont trouvé la vérité religieuse, et ceux qui, sans l’avoir trouvée, la cherchent. Il lit d’abord Pascal, puis, aussitôt après, il lui tombe sous la main les Etudes d’histoire religieuse de M. Ernest Renan. Je demande quel sera l’effet de cette double lecture. L’apologie de Pascal aura-t-elle prémuni son lecteur contre les doutes et les objections de M. Renan ? Lui aura-t-elle donné des armes suffisantes pour combattre et terrasser ce nouvel adversaire ?
Je ne pense pas qu’il puisse y avoir sur ce point deux opinions. J’en appelle au jugement même de ceux qui attaquent avec le plus de vivacité le critique français. S’ils en étaient réduits aux arguments de Pascal, ils seraient bien pauvres.
La critique, en effet, a subi une véritable transformation. Pascal, comme tous les apologètes de son temps, ne connaissait qu’une religion, la religion chrétienne. C’est dans son sein qu’il puise les argu-