donc pas certaine, mais elle a quelques chances de probabilité : cela devrait suffire à rendre plus circonspects les adversaires de Pascal. Qu’on veuille bien, en effet, relire simultanément le morceau dont nous parlons et le récit d’Etienne Périer. De cette double lecture il résultera deux choses : d’abord que ce morceau devait suivre l’étude de la nature humaine, à laquelle il fait allusion à plusieurs reprises, et préparer l’étude de la religion chrétienne. Sa place naturelle est donc dans l’entre-deux, comme moyen de transition. Il en résultera en outre que Pascal ne comptait nullement profiter de ces moyens de transition pour établir les fondements de la foi, mais bien pour exciter dans le cœur de l’homme, surpris de trouver en lui tant de grandeur et tant de bassesse, une crainte et une curiosité salutaires.
Sans doute, il sera toujours facile d’isoler cette page malheureuse, de lui attribuer une valeur absolue, et d’en déduire, à la honte de la religion chrétienne, le scepticisme de son plus grand apologète. Mais un pareil procédé n’est ni loyal, ni scientifique. Il repose sur un abus d’interprétation. Que le philosophe le plus incrédule me livre ses papiers épars, ses notes, ses ébauches, et je parie de prouver par le même procédé qu’il est on ne peut plus croyant. Lequel est le plus juste, d’expliquer l’ensemble des Pensées par ce singulier morceau, ou ce morceau par l’ensemble ?