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produire. Peut-être était-elle à la veille d’une transformation très sérieuse. Catholique fervent, Pascal, à qui les répugnances des réformés pour la confession faisaient horreur, se trouvait tout à coup placé entre l’autorité de son Église et l’autorité de sa conscience. Il était mis en demeure de choisir, déjà il avait choisi. Après avoir quelque temps cherché des moyens termes équivoques, il avait résolu d’être fidèle à sa conscience, et la faiblesse de ses amis avait été pour lui un cruel chagrin. On sait l’histoire de son sublime évanouissement. On sait comment, quand il vit s’ébranler et donner les mains à la chute ceux qu’il regardait comme devant être les défenseurs de la vérité, il fut saisi d’une telle douleur qu’il ne put la soutenir et qu’il fallut y succomber.[1] Qui sait, s’il eût vécu, ce qu’eût amené cette lutte nouvelle ? Sa foi n’y aurait-elle rien gagné ? n’y auraitelle rien perdu ? Peut-être serait-elle sortie de l’épreuve plus inébranlable que jamais ; mais, en tout cas, elle en serait sortie renouvelée. Ses Pensées, comme sa vie, ont été brusquement interrompues. La toile s’est baissée pour toujours au moment où allait se jouer le cinquième acte.

Telle qu’elle est, on trouve dans l’apologie de Pascal le germe de plusieurs œuvres diverses. Les uns ont fait de Pascal un disciple de Montaigne, un

  1. Ce sont les paroles mêmes de Pascal. Voir le récit de cet événement dans Sainte-Beuve, Port-Royal, liv. III, ch. XVIII.