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ter éloquemment Pascal. A-t-elle fait autre chose, cette belle et haute poésie des Béranger, des Victor Hugo, des Musset ? Béranger chante ce qu’a dit Pascal, quand il nous montre l’homme poursuivant le bonheur de climats en climats :

Le vois-tu bien, là-bas, là-bas,
Là-bas, là-bas ? dit l’Espérance.

Là-bas, mais où ? Sous la verdure, peut-être ? non ; au sein des richesses, nonchalamment assis sur un trésor ? non ; au milieu de la fumée des combats et de l’enivrement de la gloire ? non ; sur les mers, avec les aventures et les périls ? non ; en Asie, aux genoux des voluptueux despotes de l’Orient ? non ; en Amérique, à l’ombre d’un arbre de liberté ? non… où donc ?

…Là-bas, là-bas,
Là-bas, là-bas, dans ces nuages.

Alfred de Musset a chanté ce qu’a dit Pascal, toutes les fois qu’il a pressé sa lyre sur son cœur :

Pourquoi, dans ton œuvre céleste,
Tant d’éléments si peu d’accord ?
A quoi bon le crime et la peste ?
O Dieu juste, pourquoi la mort ?

Ta pitié dut être profonde
Lorsque, avec ses biens et ses maux,