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loi universelle. Mais d’où nous vient cette assurance ? de ce que le petit nombre des faits observés par la science confirme cette assertion, de ce que nous voyons sur notre globe les corps les plus pesants se presser vers le centre, de ce que nous voyons les planètes maintenir leurs satellites dans une orbite invariable, et le soleil gouverner la marche de son cortège de planètes. Mais qu’est-ce que le soleil et ses planètes auprès de ces milliers d’étoiles qui peuplent l’espace, et, pour la plupart desquelles, la loi de l’attraction n’a point été démontrée. Pascal nous l’a dit ; c’est un recoin de l’univers, c’en est un canton détourné, c’est un point très délicat dans l’ample sein de la nature. Or est-il nécessaire que ce qui se passe autour du soleil et de la terre se passe partout de la même façon ? Est-il sûr que la loi qui régit notre globe soit la loi universelle, et que tous les mondes prennent exemple du nôtre ? Nous avons constaté le fait de l’attraction sur quelques points, et nous osons l’affirmer comme constant. Toutes les sciences physiques et naturelles reposent sur de semblables inductions ; elles concluent sans cesse du particulier au général. Y a-t-il là, je le demande, une raison suffisante pour une certitude absolue ? — L’absolu est hors de notre portée.

Voyez l’induction elle-même, ce merveilleux levier de la science. En vertu de quoi avons-nous le droit de l’employer ? Elle suppose l’idée que tout obéit à