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Sadolet, essaie de rapprocher la conversion de Calvin de celle de Luther. Il prend pour épigraphe ces paroles du réformateur de Genève, non sine gemitu ac lacrymis ; et il en fait le fond de toute son argumentation. Il y a, je l’avoue, dans ces quelques pages, où Calvin fait un retour sur lui-même, des aveux assez frappants et dignes d’etre relevés :

Toutes fois, dit-il en s’adressant a Dieu, que je descendais en moi ou que j’élevais le cœur a toi, une si extrême horreur me surprenait, qu’il n’était ni purifications, ni satisfactions qui m’eu pussent aucunement guérir. Et tant plus que je me considérais de pres, de tant plus aigres aiguillons était ma conscience pressée.[1]

Et plus loin :

Moi donc (selon mon devoir), étant véhémentement consterné et éperdu pour la misère en laquelle j’étais tombé, et plus encore pour la connaissance de la mort éternelle qui m’était prochaine, je n’ai rien estimé m’etre plus nécessaire, après avoir condamné en pleurs et gémissements ma façon de vivre passée, que de me rendre et retirer en la tienne.

Voilà, semble-t-il, des paroles assez fortes, et cependant nous persistons à croire au Calvin de la tradition.

Il est clair que nul n’abandonne la foi de ses pères, la foi de son enfance, sans une lutte intérieure ; il

  1. On nous pardonnera de rajeunir, dans nos citations, l’orthographe de Calvin.