Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une série de déductions, en tire tout un système, très discutable sans doute, mais dont on ne peut méconnaître l’enchaînement logique. Pascal n’a songé qu’à démontrer à sa manière les grandes vérités de la religion chrétienne ; il n’a point donné à ses arguments une valeur exclusive. M. Charles Secretan travaille avec d’autres à faire dans le domaine de l’apologie toute une révolution ; il travaille à faire prédominer un certain ordre de preuves. Ces preuves se trouvant être parfois de même nature que celles qu’affectionnait Pascal, il en résulte que les Pensées intéressent vivement l’apologie moderne ; mais il n’en résulte point que Pascal en soit le fondateur. Le mouvement religieux, dont MM. Vinet et Secretan ont, dans notre pays, suivi et hâté le cours, demeure donc un mouvement original, et nous pouvons aborder Pascal sans aucune arrièrepensée. Nous le séparons de ceux qui aspirent à le continuer, et nous croyons en avoir le droit.


Dans le monde moral, comme dans le monde matériel, conserver, c’est créer sans cesse. Cela est vrai surtout des hommes dont la vie morale est orageuse, et qui ne laissent pas l’esprit s’endormir avec l’automate sur l’oreiller des habitudes. Pascal était un de ces hommes-là. Si sa foi fut énergique, c’est qu’elle eut de rudes assauts à soutenir ; il ne crut beaucoup que parce qu’il avait beaucoup douté. Ses Pensées