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bon toutes ces preuves surérogatoires ? à quoi bon, après l’argument décisif, des arguments dont la force plus contestable ne servirait qu’à ébranler la conviction ? La conscience a fait entendre sa grande voix. À quel oracle vous adressez-vous encore ? quel prophète sera digne de parler après elle ?

Dans de pareilles circonstances, une dissertation nécessairement froide et calme sur le peuple juif, la révélation, les prophètes viendrait-elle donc plus à propos ? Pascal ne serait-il plus coupable alors d’abandonner le champ de bataille après avoir remporté la plus glorieuse victoire, et de briser l’épée à deux tranchants qui vient de lui servir à prosterner ses adversaires à ses pieds pour recourir à la pesante armure de l’apologie ordinaire ?

Soyons conséquents. Voulez-vous, oui ou non, réserver une petite place aux preuves historiques ? Si vous voulez les exclure, dites-le ; sinon, où les placerons-nous ? J’en suis vraiment fort en peine. Pascal essaie-t-il de les employer à l’entrée de la seconde partie, on le lui interdit, sous prétexte que la première étant toute morale, il descendrait des hauteurs de la preuve interne aux lieux communs des vulgaires apologistes. Mais que serait-ce donc quand il serait parvenu jusqu’aux plus hauts sommets de l’apologie chrétienne, quand il aurait gravi le coteau du Calvaire pour y contempler Christ sur la croix ? Ah ! c’est alors que la chute serait com-