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de Pont-l’Evêque : « Ainsi, dit un docteur de Sorbonne, bailla-t-on les brebis à garder au loup. » Mais c’était un loup bien innocent. À cette époque Calvin était très bon catholique ; il ne connaissait qu’une chose, la règle de l’Église, et il s’y soumettait avec autant de docilité qu’il se soumit plus tard à la règle qu’il chercha dans l’Evangile. Il détestait les nouveautés, c’est lui qui nous l’apprend ; il ne voulait pas même qu’on lui en parlât ; il s’y opposait avec énergie et passion.

Au reste, Calvin ne fut prêtre que de nom ; il eut le bénéfice sans la charge. Son père s’apercevant que les avocats s’enrichissaient plus sûrement que les ecclésiastiques, lui ordonna d’abandonner l’étude de la théologie pour celle du droit. Calvin obéit à regret, mais sans réserve. Il étudia le Digeste avec autant d’ardeur que les Décrétales. Il écouta Pierre de l’Estoile, qui professait à Orléans ; il suivit à Bourges les leçons d’André Alciat ; il se lia intimement avec Melchior Wolmar, qui lui apprit le grec, et se fit remarquer de tous, au dire d’un de ses détracteurs, par un esprit actif et une forte mémoire, avec une grande dextérité et promptitude à recueillir les leçons et les propos qui sortaient es disputes de la bouche de ses maîtres, qu’il couchait après par écrit avec une merveilleuse facilité et beauté de langage, faisant paraître à tous coups plusieurs saillies et boutades d’un bel esprit.