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schneider, Guizot, Sayous, et tous ceux que je ne nomme pas. Je n’en saurais douter. L’étude d’un seul homme est peut-être aussi riche que celle de l’homme en général. Au sein de l’humanité, chaque homme est un monde à part ; c’est un infini dans un autre infini. Dans un semblable champ d’études, la moisson n’est jamais enlevée : même après les faucheurs il y reste des épis à couper.

Nous avons trop peu de détails sur les premières années de Calvin. Il naquit à Noyon en 1509. Sa mère l’éleva dans les préceptes de la piété. Sa jeunesse ne fut marquée par aucun de ces écarts qui signalent si souvent l’enfance du génie. Il n’eut pas à se repentir, comme Th. de Bèze, de ses Juvenilia. La force, qui s’annonce à l’ordinaire par des excès, se révéla chez Calvin par la constance de sa soumission. Il fut dès le collège l’homme de la discipline et du devoir. Timide et quelque peu gauche (subrusticus), il n’était hardi que s’il avait la règle pour lui. Au dire de Th. de Bèze, plusieurs de ses camarades de classe lui rendaient le témoignage d’avoir été le sévère censeur de leurs vices. Ainsi se montra dès l’abord son inébranlable fermeté, qui reposa toujours sur l’énergie du sentiment moral, et sans doute aussi sur l’absence de certaines passions.

Son père le destinait à l’état ecclésiastique. Grâce à de puissants protecteurs, il obtint dès l’âge de douze ans un bénéfice. A dix-huit il fut nommé curé