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mots souvent heureux, à l’ordinaire hardis, parfois incompréhensibles, rarement des morceaux achevés ; ce sont, non pas des ruines, mais des matériaux dont l’entassement confus déroute aussitôt le lecteur novice. Il est une grande partie du public pour laquelle les Pensées, telles que M. Faugère nous les a rendues, sont, au lieu d’un livre édifiant, un livre inintelligible et fermé.

Il faut, en effet, une longue habitude de Pascal et une culture d’esprit assez étendue pour se reconnaître au milieu de ces phrases coupées, de ces fragments interrompus, pour entrevoir la place que chaque pensée pourrait occuper dans l’ensemble de l’œuvre, pour dire : voilà une colonne qui pourrait soutenir telle voûte, voilà un bloc qui aurait été taillé pour servir au couronnement de tel ou tel pilier ; voilà un fragment d’une statue qui aurait pu orner l’autel ; ici sont les matériaux du portique, là ceux de la nef ; ici ceux du parvis, là ceux du lieu très-saint.

Désireux de rendre Pascal au grand public, tout en le commentant à sa manière, M. Havet s’est emparé du texte nouveau, désormais définitif, et a repris, ou peu s’en faut, l’ancien plan. Au reste, il ne le donne pas comme vrai ; il le donne simplement comme plus commode. À ses yeux, il n’est pas possible de retrouver le plan du grand architecte.

M. Astié, le dernier éditeur de Pascal, pour le mo-