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Il y a plus d’habileté, il n’y a pas plus de justice à accuser Calvin d’ambition. Pour nous qui nous efforçons d’apporter dans cette étude la plus scrupuleuse impartialité, et qui sommes peut-être mieux placés que d’autres pour y réussir, parce que rien ne nous lie ni aux amis, ni aux ennemis de Calvin, nous déclarons hautement que l’ambition personnelle ne saurait, à nos yeux, expliquer, en aucune manière, sa conduite. Pourquoi, s’il était ambitieux, refusa-t-il si longtemps de se fixer à Genève ? Pourquoi fallut-il pour l’y décider les foudres de Farel ? Pourquoi se fit-il exiler de Genève par la fermeté de sa résistance ? Pourquoi n’y revint-il que vaincu par les prières de ses amis ? Pourquoi se contenta-t-il toute sa vie du titre modeste de pasteur, ne recherchant ni les honneurs, ni les dignités ? Pourquoi remplit-il les plus humbles devoirs de sa charge avec autant d’exactitude que ceux qui pouvaient le faire briller ? Pourquoi fut-il aussi assidu auprès des pauvres et des malades qu’auprès des princes qui recherchaient ses conseils ? Pourquoi enfin n’y a-t-il pas une ligne dans ses œuvres, pas un jour dans sa vie, où on le voie composer avec sa conscience, flatter les giands, s’écarter en quoi que ce soit d’une seule et même ligne de conduite ? Les ambitieux sont souples et tendent à leurs fins non par la voie la plus franche, mais par la plus sûre. Ils rampent s’il faut ramper, ils dissimulent s’il est utile de dissi