même, et ce qu’il croyait être la vérité. Ces deux choses n’en furent qu’une à ses yeux, et, à la faveur de cette effrayante confusion, il étendit son empire sur la moitié du monde protestant. Il est des hommes généreux qui disent en combattant pour leurs croyances : « Périsse le monde plutôt qu’un principe ! » Ils ont raison. Un principe c’est une vérité, et le monde peut s’anéantir, mais non pas la vérité. Calvin allait plus loin. Il aurait dit : « Périsse le monde plutôt que mes principes ! » c’est-à-dire : « Périsse le monde plutôt que mon orgueil ! » — Il osa penser et agir comme si, en sa personne, Dieu était méprisé par ses ennemis ; avec la naïveté de son audacieuse franchise, il ne craignit pas de le déclarer publiquement :
Castaliou, écrit-il à l’église de Poitiers, appelle baiser ma pantouffle qu’on ne s’élève point contre moi et la doctrine que je porte, pour despiter Dieu en ma personne et quasi le fouler aux pieds.
Quel langage est ceci ? Despiter Dieu en sa personne ! — Il y a autre chose dans ces paroles que l’expression d’une foi qui ne doute pas d’elle-même ; elles témoignent d’une foi plus impérieuse encore qu’inébranlable, d’une foi qui ne se résigne pas à n’être qu’une croyance humaine et qui fait du doute un sacrilège. Or, il ne faut pas l’oublier, ce n’est pas l’énergie des convictions qui les rend impérieuses ; grâce au ciel, elles peuvent être fortes sans être