encore, tout au pis-aller il saura bien créer de nos cendres un peuple nouveau.
Celui qui parle ainsi est un homme qu’aucune difficulté n’étonnera. Plus le monde s’agitera autour de lui ; plus, comme il le dit dans un langage digne d’un apôtre, il fichera profond son ancre au ciel. Mais, en revanche, est-il dominé par ce qu’il y a de plus étroit dans ses idées ; veut-il, avec sa logique habituelle, les appliquer jusqu’au bout ; alors son héroïsme dégénère, c’est de l’intolérance, de l’obstination, de la hauteur. Calvin s’abaisse lorsqu’il ne rougit pas, en écrivant aux martyrs de Lyon prêts à monter sur le bûcher, de leur demander, dans ce moment suprême, une dénonciation. Il s’abaisse, lorsqu’il écrit à propos d’un inconnu :
J’eusse voulu qu’il fût pourri en quelque fosse, si c’eût été à mon souhait… Et je vous assure, s’il ne fût sitôt échappé, que, pour m’acquitter de mon devoir, il n’eût pas tenu à moi qu’il ne fût passé par le feu.
Il s’abaisse lorsqu’il traîne devant les tribunaux l’infortuné Servet, lorsqu’il lui refuse un défenseur, lorsqu’il sollicite sa condamnation avec l’acharnement d’un ennemi personnel, lorsqu’il ose porter dans la chaire une cause qui est entre les mains d’un tribunal, et violer ainsi le droit le plus inviolable des accusés, celui d’être jugés par la justice, et non pas condamnés par la haine. Il s’abaisse enfin à