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pays, toute une science d’administration financière, avec ses systèmes et son enseignement. Telle fut la caméralistique ou Kameralwissenschaft.

Au XVIe siècle, Maximilien d’Autriche et la plupart des souverains allemands organisèrent des Cours camérales, sortes de Cours des comptes, qui firent certainement avancer les idées, bien avant que le XVIIIe siècle eût vu Frédéric-Guillaume Ier, de Prusse, créer, en 1727, des chaires d’économique et de caméralistique à Halle et à Francfort-sur-l’Oder. Une école de caméralistique se fondait vers le même temps à Kaiserslautern.

Aux temps de la Renaissance aussi, l’Allemagne centrale et septentrionale était devenue par son commerce une heureuse rivale de Venise et de l’Italie, qui penchaient déjà vers leur déclin. La Hanse ou ligue hanséatique avait été un des instruments les plus puissants de cette prospérité[1]. Brême, Hambourg et Lubeck, communes indépendantes comme le XIIe siècle en vit constituer un si grand nombre, s’étaient liguées, au moins en 1241 et peut-être dès 1169, pour assurer la liberté de leurs communications réciproques par terre et pour protéger leur navigation contre les pirates.

Ces sortes d’alliances étaient dans les besoins et les traditions de cette période. Pour ne parler ici que de l’Allemagne, la ligue des villes rhénanes et la ligue souabe pouvaient servir de modèle à la ligue hanséatique du Nord, en attendant que cette dernière absorbât les débris des anciennes ligues et consacrât définitivement le nom de Hanse.

Au XIVe siècle, la Hanse embrassait toutes les villes importantes situées entre la Vistule et l’Escaut. Elle atteignit son apogée au XVe siècle, avec 85 villes confédérées, réparties entre les quatre cercles ou districts de Lubeck, Brunswick, Cologne et Dantzig, et avec une quarantaine

  1. Sur la ligue hanséatique, voyez Histoire commerciale de la Ligue hanséatique, par Émile Worms, Paris, 1864.